mercredi 16 novembre 2016

Dialogue avec un moine Bouddhiste .



Nous étions assis tranquillement dans un jardin, à l'ombre de grands arbres.
Une douce brise nous rafraichissait, malgré la chaleur intense d'un été implacable.
En face, le moine avait choisi une chaise austère sur laquelle il pouvait maintenir une posture bien droite.
Il ajusta sa robe et dit :

"Lorsque je regarde un arbre par exemple, je ne vois pas un arbre.
Je m'exerce à ne voir qu'un objet tel qu'il est, sans aucun commentaire, même pas le mot arbre.
L'important est ainsi de rester dans la non-pensée et de la maintenir.
Ainsi, aucune perturbation ne peut s'élever, et c'est la paix."

-Cette attitude, semble, excusez-moi, basée sur l'hypothèse qu'il y a là quelqu'un capable de contrôler sa pensée, et de s'exercer à ce contrôle.
Mais qui va ainsi réussir à demeurer dans la non-pensée, à ne pas juger, à ne voir les choses que comme ceci, ou comme cela?
Autrement dit, qui est le contrôleur?
Le contrôleur semble ici exercer un contrôle sur les choses, mais n'est-il pas lui-même un objet?
Le contrôleur ne fait-il pas lui même partie du contrôlé ?
La paix qui semble résulter de cette attitude ne comporte aucune liberté.
Elle suppose d'enchainer une personne factice à un exercice particulier pour se maintenir.
Aussi est-elle très menacée.
Pourquoi avoir peur des choses, des objets, des pensées, de l'émotion....?
Voyez simplement que tout cela est perçu.
Laissez-le libre d'apparaître, de se déployer, de vous quitter.
Il n'est personne pour contrôler ou maîtriser quoi que ce soit.
Tout cela est le jeu de la manifestation se déployant au sein de la Conscience dont elle est l'activité même.
Soyez sciemment cette Conscience, libre des objets apparaissant en elle.
Là est la source de la paix, de la joie, même au milieu du tumulte.
Voyez que cette tentative de contrôle vient de la peur.
En aucun cas, ce qui vient de la peur ne peut nous conduire à la liberté.
Installez-vous plutôt au centre, là ou il n'y a personne, là ou tout est originellement libre et dépourvu de forme; sans effort et sans affectation, et profitez ainsi du bonheur de votre nature véritable.
N'était-ce pas finalement l'essentiel du message du Bouddha?

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